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Humain, en temps réel!


Nous voilà rendu au milieu de janvier, le temps a filé comme une bulle de couleur, me propulsant ici. Je ne ressens pas le froid, ni le vent sur ma peau, je préfère vivre ce moment "bulle". Ici je me sens en sécurité et rassurée par les formes, les couleurs m'interpèlent et me font vibrer. Je perçois cette nouvelle année dans l'ouverture à Être vraie. Me permettre de composer ce texte, c'est voir que ma créativité est vivante et veut s'exprimer. En toute liberté mais surtout dans l'émotion que crée l'ouverture de mon souffle. Je m'observe dans ce qui est devenu mon incontournable, qui est mon désir de retour à ma source, ma bulle d'expression par les mots. Je suis aussi une sensible. Et ce matin en fut un qui me fit sortir de ma tanière, de ma grève du blog. Ou je devrais dire de mon vide du texte.


Je souhaite vous faire visiter ma pensée et vous rapprocher de moi. La fin d'une année représente pour la plupart une occasion de faire un bilan. Tout comme vous, j'ai vécu une multitude d'événements qui m'ont fait cheminer durant cette période. Aujourd'hui, je rends grâce en particulier aux dernières semaines que je viens de vivre, en réalisant que j'ai la chance d'avoir la richesse de l'Amour et des valeurs de ma famille. Le soir du 25 décembre était inédit. À vrai dire il représente le clou de mon année! Le temps s'était arrêté. L'horloge de coeur de mon père m'a fait le cadeau de vivre dans des minutes réinventées. Au fond de moi je me demande si c'était le dernier Noël où il fut comme nous le connaissons?... Même s'il n'est déjà plus celui qu'il était avant, avant même les dernières semaines... Dans une sensibilité admirable, s'est-il rapproché en fait de celui qu'il ne s'est jamais permis d'être...? Je parle en ce moment d'une réalité que beaucoup d'autres personnes vivent car vous savez, mon père a la maladie d'alzheimer. Le choc a été important quand j'ai réalisé que c'était réellement ça. C'était au printemps de l'année qui s'est terminée, un réveil éprouvant mais qui en valait le coup. Après avoir passée cette étape, la majeure partie de ma résistance est tombée. Et j'ai décidé de me sentir libre de le traverser d'une manière qui me ferait grandir. J'ai cessé d'avoir peur de ce que les gens pouvaient en penser.


Dans mon coeur de femme, mon père sera toujours beau, grand et fort. Il représente plus particulièrement un exemple pour moi depuis les derniers mois. Je ris avec lui comme jamais auparavant. Sa sensibilité ainsi que sa vulnérabilité me touchent depuis qu'il nomme clairement le besoin de nous sentir là, dans sa maison afin de pouvoir nous rassembler et de fraterniser. Il souligne avec tant de fierté et de gratitude ses plus grandes réalisations qui sont son mariage, ses enfants et ses petits enfants. Il m'apporte ce que je me définis comme étant l'éducation fondamentale de ma vie. Aucune nécessité de discourir sur des sujets pointus. En fait, nous nous rendons par de courts échanges à ce qui compte le plus. Il m'amène en réalité à aller au coeur de moi-même en me parlant de ce qui l'a nourrit durant toute sa vie. Il est dans son essentiel.

Amour, gratitude, encouragement, gentillesse, reconnaissance, affection, vérités dites simplement, proximité et aveux dans la poésie que nous lui connaissons. Et ce soir là du 25 décembre, il m'a fait vivre un Noël dans l'instant présent. Son coeur d'enfant l'y a guidé, et il m'y a apporté en douceur. J'ai vécu en secret des minutes inoubliables, à jamais gravées dans ma mémoire d'émotions. Ses résistances ne sont plus là, il nous dit qu'il nous aime, qu'il est heureux, ses yeux et son visage s'expriment dans leur unicité. Il n'a jamais eu un aussi beau sourire et ça m'émeut profondément! Il disait qu'il vivait le plus beau Noël de sa vie! Et il le répétait tant de fois... Il vibrait de tout son être. Ce qui compte le plus pour lui dans cette période de sa vie est l'amour et le réconfort. Je découvre quelque chose de grand.


Je vis des instants merveilleux puisque je prends soin de lui maintenant en massothérapie. Au départ il a fallu que je franchisse ma barrière de proximité. Depuis sa première séance, où il a fait des blagues pour apaiser la crainte de l'inconnu, il me parle beaucoup de lui, de son passé et de ce qui occupe ses pensées. Ça me fait plaisir de l'entendre me dire qu'il est fier et reconnaissant du travail que je fais. Parfois je suis surprise de ses aveux et ça me fait vivre des états inattendus et des compréhensions étonnantes. Mes mains, de par leur chaleur et leur intention bienfaisantes, lui donnent le réconfort et la conscience de son corps. Ça libère les mots... En plus des maux! Il me dit que je le rajeunis! Ça me fait rire! Je crois que cela lui permet d'accéder à des sentiments de mieux-être qui le touchent profondément. Il prend conscience de sa respiration et il entre dans des temps de silence. Comme si ça lui permettait de découvrir des particularités de lui-même...


Ce vécu et l'ensemble des événements de ma vie m'ont touchés et m'ont ouverts les yeux sur mes propres essentiels. J'ai vu que la fraternité me manque, qu'il n'y a plus assez pour moi de gestes spontanés pour se rencontrer et que ça passe beaucoup trop par quelques échanges textes. À me demander s'il existe en moi une véritable crainte de déranger en appelant ou en passant faire une visite. Osons-nous "Être" spontanément pour l'autre? La fraternité (tout lien avec les personnes que nous aimons et apprécions) et la gratitude envers la beauté de la vie (la beauté de la vie peut même provenir d'un mauvais coup en nous guidant vers la voie du changement) sont selon moi des notions de base afin de combler nos besoins élémentaires et sécurisants. Je constate alors que les écrans et nos modes de communications actuels, même s'ils me permettent d'être en lien virtuellement plus aisément, me donnent l'impression d'avoir bien des amis, mais en réalité cela me coupe de l'humain, de ce lien chaleureux, unique et précieux. Notre valeur d'ÊTRE me manque sincèrement! Je suis inquiète de sentir cette déconnexion de la dimension humaine. Et malheureusement parfois, les mots par texte deviennent la source de conflits et ça peut dériver vers la coupure définitive. Il me semble alors qu'il vaudrait mieux aller à la rencontre de l'autre et d'être prêt à vivre en temps réel la communication, même si c'est parfois demandant.


J'ai vécu à grande vitesse en faisant partie des réseaux sociaux. Je reconnais que c'est une porte d'entrée incroyable sur la vie de chacun, mais de surface seulement. Et qu'est-ce que ça m'apporte réellement? J'y ai dérivé parfois, y passant un temps fou et vivant dans l'attente sans même le réaliser. Depuis des mois déjà que cette notion chemine dans mon esprit. J'ai besoin d'un changement ou d'un retour à mes sources. Même que le téléphone à roulette du bon vieux temps me manque! Qui l'aurait cru, j'ai délaissé l'étincelle du réseau social. J'ai soufflé dessus lucidement, question de me retrouver en moi. Je souhaite rattraper mes moyens d'avant et être avec ceux en qui je tiens en temps réel. Puisque honnêtement je pense qu'à trop vouloir être connecté virtuellement, on peut s'y perdre ...


"J'ai besoin d'humanité et il a fallu que mon père, dans son coeur aimant, me fasse vivre cette urgence, et je lui en serai reconnaissante pour toujours. Vivons donc l'humain en temps réel!"

"Tout ça me dit que nous sommes humains à part entière, que l'amour demeurera la fibre que nous possédons tous, qui est la plus importante et qui nourrit notre vie. Il est primordiale de s'y connecter d'abord. D'ÊTRE ensemble et de s'offrir du temps."


Avec beaucoup de bienveillance, d'amour et de paix, je vous souhaite que l'année 2019 soit la vôtre.


Karina Ouellet, massothérapie et santé globale

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